Quand votre enfant a deux, trois ans, parfois quatre, qu'il vous réveille chaque nuit, et souvent plusieurs fois par nuit, vous pouvez avoir l'impression de vivre un véritable enfer qui, avec la fatigue, se poursuit toute la journée! Nous avons interrogé Dre Nadia, notre spécialiste des enfants, pour qu'elle nous donne quelques petits trucs pour faciliter le sommeil de votre rejeton
Qu'est-ce qui peut expliquer qu'un enfant qui faisait ses nuits depuis plusieurs mois ne les fasse plus?
Il existe plusieurs facteurs liés aux réveils nocturnes. L'enfant peut faire des cauchemars. En général, ils ont lieu dans le dernier tiers de la nuit et il est capable d'en reparler (s'il parle). On sent qu'il est conscient et on est capable de le réconforter.
Il peut aussi faire des terreurs nocturnes. Ces dernières ont lieu dans le premier tiers de la nuit, quelques heures après le coucher. L'enfant se réveille souvent en hurlant, parfois même en frappant, il semble ne pas être conscient de notre présence et les efforts qu'on fait pour le rassurer sont vains. Il n'y a pas grand-chose à faire d'autre qu'à demeurer à ses côtés pour ne pas qu'il se blesse. C'est assez impressionnant pour le parent, mais l'enfant ne s'en souvient pas au lever.
L'enfant peut souffrir d'insécurité lié à un changement dans sa routine ou à un stress qui peut nous sembler anodin, mais qui, pour un enfant, remue : un changement de chambre, de lit, l'arrivée d'un autre enfant dans la maison, la maladie d'un parent... Parfois, ça se manifeste par de l'opposition dans la journée, par de la régression ou c'est le sommeil qui est affecté.
Comment on arrive à savoir ce qu'il a, ce qui l'affecte, si c'est le cas?
S'il est assez jeune, il n'arrivera pas à verbaliser ce qui l'effraie ou le déstabilise. C'est à nous, en tant que parents, de le deviner, d'observer ses comportements dans la journée. Quand on vit avec un enfant qui est anxieux, on a tendance à vouloir le rassurer. Or, ce qui le rassure davantage, c'est de le responsabiliser, de lui faire voir ses compétences plutôt que tenter de le surprotéger. Il se peut que la nuit, il cherche votre présence pour le rassurer. Il faut qu'il en vienne à se rassurer lui-même.
Comment parvenir à ce qu'il retrouve justement assez d'assurance pour dormir seul, et surtout sans interruption, dans son lit?
Premièrement, il faut éviter à tout prix de l'amener dans notre lit. La tendance est là, c'est évident. On travaille souvent le lendemain, on est fatigué, mais si on craque une nuit, tout le travail est à refaire. On doit se lever pour le rassurer ou le raccompagner dans son lit, même si ça peut nous paraître très forçant. Au bout de ce régime, quand il comprendra que ça ne fonctionne plus, il devrait tranquillement cesser de se réveiller.
Et si ça ne fonctionne pas, est-ce qu'on doit imposer des conséquences?
Les conséquences ne fonctionnent pas vraiment pour le sommeil. Ça ne fait que générer du stress. Il faut rester ferme et tenter de ne pas perdre patience lors de ces éveils fréquents. On privilégie la pratique de la récompense, soit avec des autocollants ou des privilèges. Le problème devrait se replacer rapidement.
Combien de temps ça prend en moyenne?
Environ trois, quatre jours, c'est la raison pour laquelle on recommande aux parents de commencer cette routine lors du week-end ou même d'une longue fin de semaine ou encore en vacances pour ne pas stresser à l'idée de faire sa journée de travail complètement épuisée.
Est-ce possible que ça ne fonctionne pas, malgré tout? Et qu'est-ce qu'on fait quand on est complètement à bout.
Si on a affaire à un enfant très anxieux, ou troublé, on peut être dans l'obligation de coucher pour un temps dans sa chambre. On s'installe sur un matelas à côté de lui et chaque nuit, un peu plus, on s'éloigne jusqu'au jour où il se sent assez en confiance. Il doit comprendre que sa chambre est le meilleur endroit pour lui, qu'il y est en sécurité. Si vous le laissez coucher avec vous dans votre chambre, il pourra comprendre qu'il a raison de craindre sa chambre.
Quand notre enfant partage la chambre avec sa soeur, son frère, on a tendance à être moins ferme et moins constant pour éviter de réveiller l'autre, y a-t-il une solution?
Si le frère ou la soeur est assez grand(e) pour dormir dans le salon ou dans le sous-sol jusqu'à ce que la situation se rétablisse, c'est la solution idéale. Le prendre avec nous dans le lit pourrait causer de la jalousie et faire porter un message contradictoire.
Quand toutes les solutions ont été essayées, que reste-t-il?
Il faut savoir que les troubles du sommeil peuvent être générés par d'autres facteurs : ça peut provenir d'un problème physique, d'un déficit d'attention avec hyperactivité (les enfants qui en sont atteints dorment souvent moins ou moins bien) ou par un autre trouble neurologique. Dans ce cas, quand tout ce que je viens d'énumérer a été essayé, il convient de consulter un spécialiste qui pourra sûrement mettre le doigt sur le problème ou à tout le moins vous donner des trucs pour le régler.
Un merci tout spécial à Dre Nadia Gagnier, auteure notamment du fascicule Chut! Fais dodo, volume 3 de la série Vivre la vie en famille des éditions La presse.
Violaine Dompierre, éditrice Canal Vie