Vers l'âge de 7 ans la fille de Fanny a recommencé à souiller ses sous-vêtements de selles et d'urine plusieurs fois par jour. Il faut dire que la famille a vécu beaucoup de changements dans les deux dernières années : séparation, déménagement, nouveaux conjoints des parents, nouveau bébé, etc.
Comment aider sa fille à travers toute cette situation?
Continence : les bases
Tout d'abord, je peux vous donner quelques brèves suggestions de base pour la continence.
- Favoriser une alimentation riche en fibre (fruits, légumes, grains entiers), si vous n'êtes par certaine du contenu en fibre des aliments préparés, consultez les étiquettes nutritionnelles des emballages.
- Favoriser une bonne hydratation, le meilleur liquide pour s'hydrater demeure simplement de l'eau.
- Établir une routine de toilette stable, s'asseoir aux toilettes après chaque repas pour 10-15 minutes.
- Il peut être bon de voir un médecin pour évaluer s'il y a présence de constipation rétention de selles, malgré le fait que l'enfant fait des selles régulièrement.
Un problème plus profond
Mais je dois vous dire que ces petites suggestions me semblent bien superficielles dans le contexte de tout ce que vous avez vécu avec votre fille dans les dernières années.
Beaucoup d'enfants expriment physiquement une détresse émotionnelle, et vous faites vous-même actuellement le lien entre les stress vécu par votre fille et ce changement de comportement. Les difficultés reliées à l'élimination sont fréquemment le résultat de grands changements vécus difficilement par l'enfant.
Aller chercher de l'aide
Je peux vous suggérer de demander de l'aide pour votre fille. Bien souvent les enfants vivent de la colère, de la tristesse et même un processus de deuil sans être capable de se confier au parent par loyauté ou par peur de lui faire de la peine. Ils sont petits mais cherchent souvent à protéger leurs parents d'une certaine façon. Une personne neutre à qui se confier est donc aidante.
Culpabilité?
Les enfants qui vivent des situations difficiles dans la famille (séparation, maladie grave d'un proche, accident, abandon) n'ont pas la maturité pour tout comprendre, mais ils les interprètent à leur façon. Ils entendent aussi certaines conversations des adultes, souvent bien malgré nous, et tirent des conclusions. Par contre, à l'âge scolaire et préscolaire les enfants sont encore centrés sur eux-mêmes (égocentriques).
Ceci est normal dans leur développement, mais les pousse à relier tous les événements à eux et souvent à se culpabiliser. L'enfant peut se dire « si j'avais été plus sage, mes parents ne se sépareraient pas » ou lorsqu'un frère ou une soeur est gravement malade « j'ai déjà souhaité qu'elle me laisse tranquille, c'est ma pensée qui l'a rendu malade ». La réalité n'a rien à voir avec ses comportements, mais dans son scénario mental, il est coupable. Souvent, l'enfant n'en parle pas. Un professionnel peut aller explorer les interprétations et les rectifier.
L'accueil psychosocial
Dans les CLSC, il existe un service qui s'appelle l'accueil psychosocial, on peut rencontrer gratuitement un travailleur social, qui fait une évaluation de la situation, il priorise et suggère des ressource dans le secteur. Je vous suggère d'appeler au CLSC avant, pour savoir comment le service fonctionne dans votre secteur et le meilleur moment pour vous y présenter. Souvent c'est sans rendez-vous, il peut y avoir un peu d'attente sur place, mais vous pouvez rencontrer le travailleur social, la journée même, surtout si vous vous présentez le matin.
Renseignez-vous avant!
Avant de débuter une relation thérapeutique entre votre fille et un professionnel de la santé, voyez avec lui/elle sa disponibilité, et comment il évalue la durée de l'intervention en fonction des difficultés vécues. Il faut souvent prévoir plusieurs rencontres, puisqu'au début l'enfant doit tisser un lien de confiance. Il faut faire preuve de patience, les choses peuvent avancer lentement au début. On veut éviter le plus possible de devoir changer de personne et recommencer à créer le lien de confiance chez un enfant déjà fragile.
Bon courage!