Mon conjoint et moi avons un ami – québécois – qui est parti vivre en Chine il y a une quinzaine d’années. S'établissant à Shanghai, il a fait son chemin là-bas, apprenant la langue, obtenant un poste bien placé dans le domaine de la publicité et étant désormais papa soloparental d’un pré-ado. Par le biais des réseaux sociaux, nous avons passé l’hiver à suivre sa nouvelle réalité (l'apparition du virus COVID-19 en Chine), qui nous paraissait tellement étrange! Du 20 janvier dernier jusqu’à la veille de notre propre quarantaine, son fils et lui étaient en confinement dans leur petit appartement, mais d’une manière beaucoup plus stricte que nous. Pas de marche ou de promenade dehors par exemple, et même l’approvisionnement des denrées essentielles était beaucoup plus réglementée qu’ici. Si nous avions su que c’est une situation similaire qui nous attendait juste après…
Après avoir passé au travers du pic de la «première vague», juste au moment où tout s’est précipité pour nous en Amérique du Nord, la Chine a commencé tranquillement à lever ses restrictions. Certaines personnes sont retournées au travail et les déplacements reprennent. Les écoles seraient sur le point de rouvrir.
Ça peut sembler encourageant pour nous... Mais selon plusieurs experts, ça ne l’est pas du tout!
Quelque chose d’étrange avec les chiffres de la Chine
Pour surveiller les chiffres internationaux quotidiennement depuis un mois, quelque chose paraît tout de suite étonnant avec la Chine. À partir de la mi-mars, la Chine a annoncé une baisse drastique des cas de COVID-19, qui paraissait au départ être une bien bonne nouvelle. Je me disais que ce nombre de cas toujours plus bas (par exemple 2 morts annoncés aujourd’hui, 3 hier) devaient être dus au fait que la pandémie a été très localisée sur place, à Wuhan et dans la province de Hubei. Une «petite» province affectée et fermée, au travers d’un pays de plus d’un milliard de gens, expliquait peut-être une si grande et si surprenante maîtrise de la situation?
Mais… est-ce réellement possible que la Chine ait soudainement réussi à endiguer la pandémie à ce point, alors que pour tant d’autres pays «riches» et bien équipés c’est pire que toutes les prévisions, même celles qui étaient au départ les plus alarmistes?
Au fil des jours, le taux de mortalité (nombre de décès par millions de population) ne cesse d’augmenter dans tous les pays… Et se trouve, par exemple, à 282 en Espagne, à 273 en Italie… Même les pays qui s’en tirent plutôt bien, comme l’Allemagne, ont un taux de 20 et le Canada, qui est en courbe ascendante active, a vu le sien grimper de 3 à 9 depuis environ une semaine[1].
Parmi les 15 pays les plus touchés, seule la Chine a conservé, pendant tout ce temps, un taux de seulement… 2 décès par million.
Est-ce que la Chine dit la vérité?
Qu’en pensez-vous? Beaucoup de gens croient que non. La Chine, pays totalitaire et champion de la censure, aurait minimisé depuis le début, mais encore plus depuis le dernier mois, l’ampleur réel de la crise. Un seul fait évocateur : la Chine a chassé du pays les journalistes étrangers qui véhiculaient de l’information qui ne cadraient pas avec le message officiel du régime
Selon cet article qui cite différentes sources indirectes, certains signes en diraient long sur le nombre réel de décès en Chine : des convois impressionnants d’urnes funéraires, des files immenses devant les entrepreneurs funéraires, la résiliation importante des lignes téléphoniques à Wuhan ces derniers temps…
Le danger dans tout ça
Selon le Dre Karine Lacombe, directrice des maladies infectieuses de l’Hôpital St-Antoine à Paris, «quand on a vu le nombre de morts en Italie et en France, on s’est dit qu’il y avait beaucoup de choses cachées en Chine[2]». De fait, le taux de personnes décédées du virus au niveau mondial tel que rapporté sur ce site fiable augmente lentement, mais sûrement depuis un mois : parmi les cas «réglés», ceux qui se sont terminés par la mort du patient sont désormais à 21 %, comparé à 17 % depuis que je suis cette statistique.
Peut-on encore se fier au taux de mortalité de 3,4 % établi par l’OMS au début de la crise, largement basé sur les cas rapportés en Chine? Selon le National Post qui s’appuie sur un document classifié paru aux États-Unis, «Beijing aurait délibérément caché l’étendue de la crise, en minimisant à la fois les cas totaux et les décès. Ceci a carrément handicapé les autres pays dans leur compréhension de la menace et dans leur habileté à s’y préparer[3]».
L’autre risque, c’est que la Chine, qui agit en «exemple» dans toute l’Asie, envoie le message à d’autres pays que c’est une bonne idée de relâcher les mesures de confinement et de reprendre les activités d’avant. D’ailleurs, c’est que qui est arrivé dans des endroits comme Hong Kong, Singapour et Taïwan… Dès que le contrôle a diminué, les cas ont augmenté! Laissant encore plus planer un doute sur la situation réelle en Chine.
Pour tout lire sur la COVID-19, c'est ici.
Un marathon, pas un sprint
Même si c’est tellement tentant d’envisager que #cavabienaller et que dans quelques semaines, le retour à la normale sera bien amorcé ici, la réalité est probablement toute autre. Voici une métaphore que j’entends de plus en plus ces derniers jours : cette crise n’est pas un sprint, mais plutôt un marathon. Signifiant qu’il est donc important de conserver son énergie en prévision d’un loooong moment pénible à passer, plutôt que de le voir comme un pansement qu’on arrache.
Une autre réalité que personne ne veut entendre sur la COVID-19? Tant qu’un vaccin (vraisemblablement disponible quelque part vers l’été 2021), qu’un médicament (antiviral, anti-inflammatoire; plusieurs candidats sont à l’étude) ou qu’un autre traitement (comme le transfert d’anticorps d’une personne à l’autre) ne seront pas au point et manufacturés en milliards de doses, tout espoir de voir revenir une vie complètement normale sont illusoires.
Ce qui ne signifie pas que le confinement actuel va perdurer d’ici là… Mais que chaque fois que les mesures seront relâchées un peu, le virus pourrait reprendre de plus belle et perturber à nouveau le système de santé, l’ordre social, l’économie, le système scolaire, etc.
Pour toutes les sociétés impliquées, le choix est déchirant : faut-il prioriser la santé publique ou l’économie? Il n’y a aucune bonne option, avec dans les deux cas un prix extrêmement élevé à payer pour le choix «qu’on ne fait pas».
Est-ce que le gouvernement chinois fait désormais le pari de sacrifier ses citoyens les plus démunis pour consolider ce rôle qui lui apparaît maintenant si atteignable – particulièrement considérant la débâcle qui ne fait que commencer aux États-Unis –, c’est-à-dire celui de première économie au monde?
Et est-ce qu’ici nous serions prêts à en faire autant?
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