Le sexe oral est une pratique largement répandue et qui fait partie des activités sexuelles de la majorité des gens. Or, le tabagisme et cette pratique sexuelle ne font pas bon ménage, si on en croit une étude publiée récemment aux États-Unis.
Le responsable
En fait, dans une étude regroupant 6887 participants, dont un peu plus de 2000 fumeurs (majoritairement de jeunes hommes ayant eu des relations sexuelles orales avec de multiples partenaires), les liens entre les risques de développer un cancer buccal (une catégorie qui regroupe les cancers de la bouche et de la gorge), le tabagisme et le sexe oral ont été clairement établis.
D’après les chercheurs, la pratique du sexe oral et le tabagisme augmenteraient l’incidence des infections buccales. Un papillomavirus, connu chez les scientifiques sous le nom de HPV16, généralement rejeté par l’organisme sans faire de dégâts, s’infiltrerait alors dans ce dernier pour augmenter les risques de cancer buccal. Des études antérieures ont également établi un lien entre la pratique du sexe oral et la maladie.
Des résultats surprenants
Pour en arriver à cette conclusion, les chercheurs de l’Université Johns Hopkins (Baltimore) ont utilisé la méthode de rinçage buccal pour détecter le virus. Puis, ils ont analysé le sang et l’urine des participants pour identifier la présence de cotinine et de NNAL, deux éléments présents chez les consommateurs de tabac (fumé ou chiqué).
Résultats : la présence de cotinine dans le sang, soit l’équivalent de trois cigarettes par jour, augmente de 31 %, rien de moins, les risques d’infection par le papillomavirus. Pis encore : pour chaque augmentation du taux de NNAL dans l’urine (quatre cigarettes fumées quotidiennement), la probabilité de contracter une infection liée au virus HPV16 fait un bond surprenant de 68 %. Peu réjouissant, d’autant plus que le nombre de cancers dans cette région du corps a fait un bond de 225 % en 20 ans, aux États-Unis seulement.
Qu’est-ce que le papillomavirus HPV16 ?
Le papillomavirus HPV16 est responsable de lésions cutanées ou des muqueuses sexuelles. Il est notamment en cause dans les verrues, mais aussi dans certaines infections sexuellement transmissibles, qui peuvent parfois générer des lésions précancéreuses du col de l'utérus chez la femme. Il touche principalement les muqueuses génitales et le risque d'évolution cancéreuse est élevé.
Or, ce papillomavirus est également transmis aux muqueuses buccales lors d’une fellation ou d’un cunnilingus. Il serait même responsable, à 80 %, des cancers qui affectent la bouche et/ou la gorge.
Malgré le lien entre le papillomavirus et ces cancers redoutés, les chercheurs ignorent les raisons qui lient directement les cancers liés à ce virus et le tabagisme. Ils estiment toutefois que l’organisme d’un fumeur aurait davantage de difficultés à se débarrasser de cet agent pathogène.
Bien que les chercheurs aient établi un lien direct entre l’augmentation des risques de développer un cancer buccal, le tabagisme et les relations sexuelles orales, d’autres études seront nécessaires pour identifier la combinaison de facteurs qui provoque, chez certains, l’apparition d’un cancer buccal tandis que d’autres en sont exemptés.
Les cancers buccaux au Canada
Au Canada, le cancer de la bouche se classe au treizième rang, sur 23, des cancers qui s’attaquent à l’organisme humain. On estime que quelque 4160 personnes, plus d’hommes que de femmes, ont reçu un diagnostic de cancer de la bouche en 2013. Le taux de survie, après cinq ans, est de 63 %, comparativement à 75 % pour les victimes de cancer du col de l’utérus. Les principaux facteurs de risque sont l’âge — ce cancer se développe chez les plus de 40 ans—, la consommation de tabac et d’alcool, de même qu’un régime faible en fruits et en légumes. Au surplus, le soleil est également pointé du doigt, notamment lorsque les lèvres buccales sont affectées.
Les signes et les symptômes du cancer de la bouche sont les suivants :
- Plaies dans la bouche qui prennent plus de deux semaines à guérir.
- Plaques rouge foncé ou blanches dans la bouche.
- Nodules sur les lèvres, sur la langue ou dans le cou.
- Saignement dans la bouche.
- Irritation de la gorge et difficulté à avaler.
- Des plaques blanches ou rouges dans la bouche et sur la langue.
- Une difficulté à bouger la mâchoire ou la langue.
En ce qui a trait au cancer de la gorge (larynx et œsophage), Santé Canada estime que 2405 hommes et 640 femmes ont été atteints en 2013. Il semble que la consommation d’alcool, plus importante chez les hommes, serait en partie responsable de cette disparité entre les sexes.
Malgré les craintes liées aux divers types de cancer, les couples ne doivent pas nécessairement abandonner les pratiques sexuelles buccales/génitales. Une bonne hygiène de la bouche, un régime alimentaire sain, l’abandon du tabagisme et des visites régulières chez le dentiste réduisent les risques de contracter un cancer buccal. Il y va de votre santé… et de votre plaisir.
Retrouvez plus d'informations sur l'abandon du tabagisme sur le site Web d'Info-tabac.
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