Je fais de l’anxiété depuis toujours. Je me souviens avoir passé des nuits blanches complètes à ressasser des scénarios catastrophes dans ma tête alors que j’avais à peine 7 ou 8 ans. À l’époque, je n’avais pas de mots pour décrire ce que je vivais; je ne savais pas que ce n’était pas normal, je ne savais pas ce que j’avais. Ça m’a pris beaucoup, beaucoup de temps pour mettre le doigt dessus et réaliser que j'étais TRÈS anxieuse.
Et avec le temps - ainsi qu’une meilleure connaissance de moi-même - j’ai réalisé quelque chose, ou plutôt j’ai fait la paix avec quelque chose. Je n’allais jamais guérir complètement de mon anxiété. Fort probablement que toute ma vie, mon anxiété serait là et qu’il n’y aurait jamais de solution miracle.
Se rendre compte de ça, c’est dur. Mais c’est soulageant en même temps, parce que ça me permet de mieux accepter ma condition et d’être bienveillante envers moi-même par rapport à ça. Ce qui compte, c’est vraiment la responsabilité quotidienne que je ressens de faire tout en mon pouvoir pour empêcher que l’anxiété prenne le dessus sur ma vie.
Ceci étant dit, la situation n’est pas toujours sombre non plus! Je dois dire que dans les derniers mois, malgré la pandémie et tout le reste, mon anxiété est demeurée bien contrôlée, c’est-à-dire que j’ai vécu une bonne période. C’est important d’en parler, parce qu’il y a peut-être des gens parmi vous qui sont au peak de leur anxiété et qui ont perdu espoir que ça aille mieux. Et je vous le jure : oui, ça PEUT aller mieux!
Voici les changements que j’ai constatés durant cette bonne période.
1. Je suis davantage capable de vivre dans le moment présent
Ça a été un défi toute ma vie : être vraiment LÀ, dans le moment, au lieu d’anticiper, de me projeter, de m’inquiéter pour le reste. Je ne sais pas trop comment j’y suis arrivée, mais je considère que c’est un méchant beau cadeau de la vie.
Ce n’est pas que les problèmes ou les périodes difficiles surviennent moins, c’est que la réduction de mon anxiété a réussi à me faire apprécier aussi pleinement les beaux moments en me permettant de les détacher du reste.
2. Je suis moins critique envers moi-même
Encore une fois, pendant une bonne partie de ma vie, je me suis blâmée sévèrement pour toutes les difficultés un peu inexplicables que je vivais. J’étais très, très dure envers moi-même, à un point que ça devenait parfois insoutenable.
Je ne veux pas ici excuser certains mauvais comportements que j’ai eus ou du mal que j’ai fait à certaines personnes, mais maintenant, je le vois différemment. Je suis capable de comprendre que mes difficultés sont liées à des choses concrètes qui font partie de moi : diagnostic d’autisme qui signifie un fonctionnement du cerveau différent et des défis particuliers, anxiété de fond tout au long de ma vie, traumatismes et carences qui viennent de mon enfance et de mon adolescence.
Je suis maintenant capable de faire taire cette petite voix négative en moi, celle qui a pour mission de me détruire complètement. Je suis même capable d’être fière de moi et de tout ce que j’ai pu accomplir malgré ces désavantages et difficultés. Ça ne m’était jamais arrivé avant!
3. Je dors un peu mieux
L’insomnie est comme l’épine dans le pied de ma vie et ça non plus, je ne m’attends pas à ce que ça se règle complètement. Mais quand j’ai des meilleures périodes, mon dieu que ça fait du bien! On dirait que toute ma vie au complet devient moins floue quand je dors bien.
Je ne suis plus seulement en mode survie. C’est capoté.
4. J’ai davantage de libido
Et c’est probablement directement relié aux 3 points précédents.
5. Je suis remplie de gratitude
J’apprécie beaucoup plus tout ce qui m’arrive, toute la chance que j’ai, tout ce que les autres font pour moi, toutes les personnes qui me font sentir que je compte pour eux.
Comme bien des gens, j’ai passé une bonne partie de ma vie à focuser sur tout ce que je n’avais pas. C’est un réflexe bien humain de s’en remettre naturellement au négatif; il paraît que ça a même assuré notre survie.
Par contre, on peut définitivement s’entrainer à voir le positif et c’est beaucoup plus facile à faire quand je ne suis pas en plein milieu d’une période très anxieuse.
6. J’accepte enfin le flot d’émotions qui m'habitent
Je me rends compte que pendant des années, l’anxiété m’a probablement poussé à engourdir mes émotions… Ça doit être un mécanisme de défense assez commun. Maintenant, elles sont toutes là, les belles comme les moins belles, et je les accueille toutes.
Je suis émotive et je peux pleurer pour un rien, mais ça fait partie de la game, puisque je suis aussi ouverte à rire plus, à me sentir plus en paix, à m’émerveiller, à chérir les petits moments.
7. J’ai cessé de vouloir tout contrôler
Mon anxiété s’est toujours beaucoup manifestée par une volonté très forte d’avoir le contrôle sur tout autour de moi. Cette volonté était non seulement complètement illusoire, mais aussi épuisante, puisque bien évidemment, je n’y suis jamais arrivée.
Accepter que j’avais très peu de contrôle sur ma propre vie et encore moins sur les gens qui m’entourent a été un soulagement incroyable. Je ne perds plus d’énergie à lutter contre des choses pour lesquelles je ne peux rien. J’essaie simplement de passer au travers, d’apprendre et de grandir à travers ça.