Ouf, quel période étrange. Ce confinement et cette suite de journées pareilles semblent interminables. Plusieurs n’en peuvent plus d’être à la maison et le pire, c’est qu’on n’a aucune date prévue de retour à la normale. D'ailleurs, avec la récente annonce du gouvernement Legault d'interdiction de rassemblements à Noël, on a définitivement le moral à plat...
Revenir « comme avant » nous semble si lointain et puis ça l’est, parce que selon toute évidence, même si les restrictions ne seront pas toujours aussi strictes que maintenant, aucun retour à la normale complet ne devrait être possible avant des mois, voire des années peut-être.
Alors je voulais juste faire un petit check-up de santé mentale ici. Comment tu vas?
Biscotto Design/Shutterstock
Tu réussis quand même à profiter un peu du confinement et tu es assez zen? Tu passes à travers plein de hauts et de bas? Tu veux vraiment garder espoir, mais tu es sans cesse déçue? Ou encore, tu vis une passe franchement difficile?
On réagit tous aux crises différemment, et c’est bien correct. Personnellement, depuis deux mois, j’alterne entre des périodes relativement optimistes et calmes où je suis capable de mettre l’accent sur les aspects positifs, comme par exemple le bien que ça me fait de ne pas avoir de cadran ou d’horaire fixe, puis sans vraiment comprendre pourquoi, je tombe dans une phase plus anxieuse et mon insomnie revient. Je continue à faire des rêves ultra intenses, chaque nuit ou presque.
Ma manière de réagir change aussi selon ces périodes : quand je me sens mieux, je cuisine, je fais du pain au levain maison, je fais du ménage, j’organise plein d’affaires dans la maison et je booke des apéros virtuels. Mais quand ça va moins bien, tout ce que j’ai le goût de faire c’est de m’étendre sur le divan avec une grosse couverture douce et de regarder Netflix pendant que je scroll sur mon téléphone.
Alors tout ce que j’avais le goût de te dire, c’est : C’EST CORRECT.
C’est complètement fou, mais il y a encore beaucoup de pression pour être productive et parfaite en ce moment. Come on! Dans un groupe Facebook de travailleuses autonomes il y a quelques jours, quelqu’un se plaignait d’avoir beaucoup de misère à focuser. Et la première réponse d’une autre qui aurait dû en principe la soutenir et l’aider, ça a été : « Ben là, un peu de sérieux! J’en vois plusieurs qui auraient intérêt à se motiver et à travailler plus fort, ces temps-ci ».
Non.
Avec ce genre de mentalité, tout ce qui va arriver, c’est qu’on va rentrer dans un mur. J’ai entendu une citation très intéressante il y a quelques semaines, qui m’a fait beaucoup réfléchir : « Tu ne fais pas du télétravail en ce moment... Tu es en train de naviguer dans une pandémie mondiale et l'une des pires crises du dernier siècle, tout en essayant de continuer à travailler (ou à étudier) ».
La différence est énorme. Alors, penses-y.
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Sache que c’est correct et c’est normal en ce moment :
D’avoir de la misère à te concentrer. C’est un effet secondaire de tout le stress que nous vivons depuis deux mois et de nombreuses personnes de partout dans le monde le rapportent. Voici cela dit quelques trucs pour vous aider à retrouver le focus.
D’avoir des moments de découragement. Parce que les arc-en-ciels c’est bien correct et il ne faut pas perdre espoir, mais tsé, à-m’an-né… Faut être réaliste, aussi.
D’avoir des bonnes et des moins bonnes journées. Je pense que le plus important, c’est de respecter ton état d’esprit de ne pas te forcer à bien aller si tu ne te sens pas bien.
D’être fatiguée même si tu ne fais pas grand-chose. Ça fait des années que je le dis, mais le stress chronique et l’anxiété, c’est vraiment épuisant physiquement.
D’avoir envie de manger tout et n’importe quoi, en permanence. Ces cravings intenses sont bien réels et encore une fois, plutôt généralisés ces temps-ci. As-tu pensé que d’un point de vue biologique, c’est peut-être parce que ton corps est en mode survie et qu’il essaie de compenser en faisant des réserves? Deux réflexions rapides là-dessus :
- Dire haut et fort que c’est épouvantable de prendre du poids pendant le confinement, c’est grossophobe.
- Je te conseille très fortement de laisser tomber la culpabilité liée à ça et de cultiver plutôt la bienveillance envers toi-même. Tout le temps, mais peut-être encore plus maintenant.
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Tout ce que j’essaie de dire dans le fond, c’est de remettre les choses en perspective et de te faire réaliser que même durant cette crise presque sans précédent, on continue de faire face à des attentes qui sont parfois complètement irréalistes.
Ta santé mentale devrait primer, en tout temps et particulièrement maintenant.
Alors tu as le droit de faire ce qu’il faut pour la mettre le plus possible en priorité. Que ce soit de t’activer ou de te terrer dans ton lit, que ce soit de te lancer des défis qui te font du bien ou de passer à travers les heures une par une, que ce soit de continuer à faire ton exercice ou encore à prendre une petite pause, que ce soit de t’imposer une routine ou encore d’oublier celle-ci complètement... Fais ce que TU veux.
Et si ça ne va vraiment pas bien, si tu pleures tout le temps, que tu fais des crises de panique ou encore que ta consommation d’alcool ou de drogue a beaucoup augmenté et que c’est difficile d’envisager tes journées sans cette forme (bien naturelle et beaucoup plus répandue qu’on pense) d’automédication, demande de l’aide.
Appelle une amie ou un proche, compose le 811, rejoint Tel-Aide ou encore consulte ce répertoire de ressources en santé mentale au Québec.
Bonne chance. On va passer au travers.