Les incertitudes et le stress des derniers mois de pandémie ont provoqué une multitude de nombreuses perturbations dans nos vies. Vivre autant d’émotions fortes nous a laissés complètement… épuisés. Eh oui, la fatigue émotionnelle est l’une des conséquences de cette pandémie. Qu'est-ce que c'est la fatigue émotionnelle et que peut-on faire pour aller mieux?
Un jour, tout va bien. Vous êtes optimiste (malgré tout!), confiant et motivé. Vous accomplissez moult tâches et avez le moral. Un autre, vous auriez envie de vous rouler en boule, de pleurer sur votre sort et celui du monde entier. Et entre ces deux jours, vous avez peut-être vécu des moments où vous avez été plus irritable, vous avez ressenti un accablement devant les incertitudes qui se dressent devant vous, vous avez été découragé, etc. Votre vie émotionnelle est un yoyo déjanté en continuel mouvement. Une chose est certaine : votre vie n’est pas un long fleuve tranquille. Bienvenue dans un océan déchainé! Quand une situation, un événement ou même une relation crée d’intenses émotions ambivalentes, vous pouvez ensuite vous sentir vide d’énergie et complètement à plat. C’est ce qu’on appelle une «fatigue émotionnelle», c’est-à-dire un état où vous êtes psychologiquement épuisé.
Vous avez passé tant de temps et d’énergie à «vivre» la crise qui vous a bouleversé et qui a créé un état stressant que vous n’avez plus de réserve de force. Vous vous retrouvez à vivre de façon presque mécanique. Vous ne ressentez plus rien : comme si vous aviez «débranché» un fil qui vous reliait au monde. Vous pouvez trouver que rien n’a de sens et vous sentir complètement perdu.
Réelle fatigue
Cette fatigue est bien réelle et fait partie des différentes formes de fatigue qui existent et qui peuvent influencer votre vie. Bien sûr, elle n’est pas physique ni liée à un manque de sommeil (quoiqu’en période de perturbation émotionnelle, il se peut que votre sommeil soit affecté), mais elle se manifeste de différentes façons.
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Caractéristiques et symptômes de la fatigue émotionnelle :
- Détachement face aux autres ou aux événements du quotidien
- Désintérêt et ennui
- Passivité et lassitude
- Sentiment de solitude ou de vide
- Difficulté à vous concentrer et à travailler
- Problème de concentration
- Avoir vécu une période où on se sentait à cran fréquemment
- Sensation d’être constamment submergé par les émotions ou les événements
- Surutilisation du cynisme et de l’ironie
Même si vous avez peut-être tendance à croire que les émotions ne siègent pas dans votre tête, il est clair que votre esprit est grandement accaparé par votre fatigue émotionnelle. Vous sentez peut-être même un décalage comme si votre corps et votre tête n’arrivaient plus à fonctionner ensemble. Tout vous demande un effort. Et vous mettez en place des stratégies pour vous protéger – utilisation du cynisme à outrance, réduire votre implication dans des activités qui vous font habituellement du bien, etc. – qui ne font que vous vous enlisez davantage. Aussi, autre réflexe de protection : vous bloquez vos émotions. Vous pensez que c’est la façon de ne pas vous surcharger.
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Surmonter la fatigue émotionnelle
Pour aller mieux, il faut que vous passiez à l’action. Mais ayant étant plutôt accablés ou même découragés, il n’est pas simple de vous mettre en mouvement. Commencez par simplement reconnaître votre état, c’est-à-dire accepter de dire que vous n’allez pas bien, que c’est difficile, que vous n’y arrivez pas, etc. Nommez ce qui ne va pas non pas pour vous écraser davantage, mais dans un esprit de libération. Ne faites pas semblant que tout va bien. Quand on vous demande «Comment ça va?», vous pouvez vous ouvrir, plus librement selon la personne qui s’informe de vous. Vous n’êtes pas obligé de tout dire à tous vos proches, mais trouvez, dans votre entourage, une oreille attentive et bienveillante qui vous écoutera, sans vous juger.
Vous pouvez aussi mettre sur papier tout ce qui vous pèse, vous mine, vous gruge, vous stresse, etc. Cet exercice plus personnel vous permet souvent d’aller plus en profondeur, car vous ne vous censurez pas. Même si vous avez des amis sincères avec qui discuter, il se peut que vous vous sentiez gêné ou mal à l’aise de les importuner avec vos soucis. En écrivant ce que vous vivez, vous arriverez mieux à identifier le réel nœud de votre situation. Qu’est-ce qui a causé cet état de fatigue? Quel est l’émotion qui vous submerge le plus souvent? Laquelle est la plus intense et qui provoque les autres?
Quand vous aurez mieux analysé ce qui se passe (ou s’est passé), vous parviendrez à faire la part des choses. Rien n’est tout noir ou tout blanc. Vous apprendrez de ce qui s’est passé. À la dure, peut-être, mais ce grand inconfort vous révélera aussi ce qui est réellement important. Cette tempête émotionnelle aura mis au grand jour des inconforts qui vous pousseront à vous remettre en action. Certains devront apprendre à se pardonner, d’autres devront réparer une action précédemment posée et d’autres encore devront ouvrir la discussion avec des proches impliqués. Il est possible qu’une remise en question s’en suive et probablement, même des changements. Ne précipitez rien, mais restez ouverts aux possibilités.
Bien sûr, cette démarche nécessitera également que vous vous traitiez avec bienveillance et que vous vous accordiez du temps pour vous faire plaisir. Faites-vous un programme personnel de remise en forme émotionnelle où vous vous placez, pour une fois, en priorité. Chaque jour, mettez des moments qui vous ressourcent et faites-vous un devoir de les accomplir. Au début, il se peut que vous ne vous sentiez pas à l’aise en les réalisant, mais vous verrez lentement apparaître les effets positifs. Misez là-dessus pour poursuivre sur cette voie.
C’est ainsi que vous soignerez cette fatigue émotionnelle. Mais n’oubliez pas d’être patient envers vous et indulgent aussi. Vous n’êtes pas à l’abri d’un autre remous. À travers toute votre démarche pour aller mieux, il peut être utile de se tourner vers un professionnel (thérapeute, psychologue, médecin, etc.) pour vous aider à traverser cette épreuve. Et ne culpabilisez pas de ne pas y arriver seuls. Ce n’est pas parce que vous croyez que les autres ont davantage de problèmes que vous ou qu’il y a des personnes qui traversent de pires épreuves que les vôtres n’existent pas ou ne sont pas valides. Si vous niez ou minimisez votre état, c’est à vous que vous causez du tort.
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