Je n’ai jamais souhaité me marier, même quand j’étais petite et qu’on se faisait dire que c’était la norme d’avoir un mari pis des enfants. Le mariage n'a jamais été quelque chose qui m’a attiré, au contraire. J’étais plutôt à l’opposé, c’est-à-dire que je ressentais presque du dégoût à l’idée de me marier.
J'ai vite compris que j’étais seule dans mon entourage amical à me sentir ainsi. Plusieurs n’y pensaient tout simplement pas, mais personne n’entretenait d’idées négatives face au mariage.
Adolescente, j’ai débuté un processus plutôt anarchique de contestation des normes sociales. Ce n’était pas tant par choix, mais bien parce que je n’y correspondais absolument pas. Je ne comprenais pas trop qui j’étais et quelle était mon identité, mais déjà, je ressentais un malaise profond face au mariage. La vie avec un homme, des enfants, un chien pis une grande maison, ça me fichait presque la trouille.
J’ai finalement compris, Ô SURPRISE (ou pas) que je n’étais pas hétérosexuelle ni cisgenre. Je ne m’identifie pas comme étant une femme, mais comme étant une personne non-binaire, et je suis queer. Et pour tout dire, découvrir tout ça m’a propulsée davantage vers une volonté profonde d’abolir les normes sociales, de fracasser tous ces modèles familiaux qu’on nous impose.
J’étais donc persuadée que je ne voulais pas me marier. Ça ne m’intéressait pas du tout.
Et puis est arrivée une personne, s’identifiant elle aussi comme étant non-binaire, n’étant pas intéressée du tout par le mariage non plus. Elle s’est faufilée dans ma vie pour s’y faire une petite place bien au chaud. Nous avons débuté cette relation amoureuse avec ouverture, mais aussi à distance, elle étant française et moi québécoise.
Les mois filaient, notre relation devenait de plus en plus sérieuse, et nous commencions à discuter de mon possible déménagement quand le mariage est arrivé dans nos mots. On se disait qu’on pourrait le faire pour faciliter mon déménagement, que ce serait juste un papier à signer, rien de bien compliqué.
C’est un peu comme si je m’empêchais de ressentir une émotion positive face au mariage, comme si je me trahissais si j’étais ne serait-ce qu'un p’tit peu contente de me marier avec mon amoureuse. Moi, mariée et contente de l’être? J’avais vraiment l’impression d’aller contre mes principes féministes et de rentrer dans les normes sociales que j’avais tant contestées.
On a réalisé peu de temps après qu’on se sentait pareilles les deux. C’était troublant, et ça nous a pris un petit moment à comprendre qu’on avait le droit d’être heureuses de se marier. Que notre mariage ne nous rendait pas moins légitimes de dénoncer les normes.
Ça m’a un p’tit peu fait chier de donner raison à mes quelques matantes et mononcles qui me disaient « Tu vas voir, tu vas changer d’idée »… Sauf qu’en fait, c’est pas que j’ai changé d’idée. C’est l’idée d’un mariage hétéro, religieux et normé qui ne me correspondait pas. Bref, l’idée qu’on nous présente du mariage dans la société.
J’ai compris à ce moment que j’avais le droit d’avoir ma propre vision du mariage, de ne pas me référer aux normes pour définir ce qu'il serait ou devrait être. Le mariage n’a pas à être binaire et hétérosexuel.