Vous tentez désespérément de verdir votre maison, mais tous vos amis vous ont surnommé la Cruella des plantes? Je sympathise! Sachez que malgré votre désespoir et les nombreux meurtres végétaux à votre actif, une lueur d'espoir existe, afin que vous puissiez devenir un jour un Jedi de la photosynthèse. Du moins, c'est ce que j'aime me dire pour ne pas baisser les bras dans ma quête pour devenir une « plant lady ».
Partir de zéro
Il fut un temps où les seules plantes qui me fascinaient étaient celles en plastique ou en tissu qui « oxygénaient » décorativement les chaînes de restauration rapide. Ah, le bonheur de manger une bonne soupe dans un bol en pain en respirant l’air pur d’une fougère illusoire.
Je n’étais pas vraiment le genre qu’on décrit comme ayant le pouce vert. Même un miniature arbre de Noël en plastique du magasin du dollar représentait trop d’entretien pour mes facultés inexistantes.
Puis, j’ai reçu quelques kits pour faire pousser des trèfles, de la lavande et de la menthe. Vous savez, ces coquettes petites boîtes, vendues dans la section « cadeaux » des librairies, à côté des cristaux magiques, des bougies aromatisées et des masseurs de tête en métal en forme de fouet de cuisine? Disons qu'elles sont longtemps demeurées de simples ramasse-poussières qui traînaient chez moi, tellement elles m'intimidaient.
Jusqu'au jour où, après une longue préparation mentale, j'ai osé le tout pour le tout. À ma grande surprise, la vie semblait prendre racine. J'ai ressenti une petite émotion de les voir pas-mourir. Mais comme dans les histoires d'amour les plus épiques, notre collocation plante-humain a fonctionné un certain temps, jusqu'à ce que l'automne arrive et que la rareté des rayons du soleil en vienne à bout. Leur décès a été constaté sur les lieux du crime. #RIP
PRASAN MAKSAEN/Shutterstock
Puis, j’ai commencé à apprivoiser les sacs de terre trop pesants, par un beau jour de printemps, quand j’ai décidé de garnir mon balcon de fleurs, afin d’ajouter un peu de couleur aux beaux jours ensoleillés. Je dois modestement avouer que je n’avais aucune idée de ce que je faisais : quelle quantité de terre faut-il? Combien de plants par pot? De l’engrais? Des roches dans le fond du bac? Hein?
Heureusement, ma coloc et ma mère m’ont un peu guidée dans mes explorations avec cette nature qu’on achète à la quincaillerie.
Ouf. Pas facile. Juste devoir ramener tout ce matériel de jardin chez soi quand on n’a pas de voiture, c’est tout un défi. Mais tant de fleurs me faisaient de l'oeil dans les serres, comment me retenir d'en acheter trop?
Heureusement que la fièvre des géraniums m'est montée à la tête, puisque 50 % allaient rapidement céder l'âme. Trop de soleil, pas assez d’eau, trop d’eau...
Ah, tiens! Regarde donc ça, ces punaises qui apparaissent du jour au lendemain, et qui méritent à elles seules un long métrage d’horreur digne des plus grands films de zombie.
Googler les punaises, trouver plein de trucs dont certains sont carrément des « fake news », asperger les pauvres tiges grugées avec du vinaigre, les voir subir une brûlure au 3e degré, aller au dépanneur demander des allumettes, planter une véritable forêt d’allumettes dans la terre. Croiser les doigts. Répéter le processus jusqu'à l'arrivée cruelle de l'automne.
Est-ce normal, docteur, de tuer toutes les plantes qu'on touche?
Croyez-le ou non, tuer tant de plantes m’a aidée à choisir mes combats, et à mieux m’informer sur les espèces avant d’essayer désespérément d’avoir une belle forêt, mais mal adaptée à mon milieu de vie. J'ai aussi appris à être plus douce et régulière dans mes interventions pour leur donner de l’amour. Parce que malgré mes déboires et les carcasses de plantes mortes dans un pot de terre, l'amour existait encore.
On s'attaque aux plantes vertes
Depuis quelques années, c'est aux plantes d'intérieur que je m'attaque, tout en essayant de ne pas littéralement les attaquer.
Malgré mon sang-froid, une goutte de sueur jaillit habituellement sur mon front lorsque j'ose arroser ma succulente au bureau, tout en craignant de la noyer avec une goutte de trop. Vite, il faut essuyer cette goutte de sueur qui dégouline sur mon visage, avant que celle-ci n'atteigne la terre du pot ( un pot bien trop petit d'ailleurs, qu'il faudrait absolument que je change pour un plus spacieux) afin de lui donner une chance de déployer ses ailes de petit cactus pas-piquant et de m'accompagner durant les prochaines décennies de ma carrière. Ou du moins, pour les prochains mois. #AttentesRéalistes
Celle qui murmurait à l'oreille des plantes... ou en tout cas, qui essayait de faire son possible
Est-ce que mon appartement est si fourni en verdure que j'ai des aires de Tarzan en buvant mon café le matin? Pas encore, puisque, malgré mes efforts de planter des boutures d'une plante dont j'ignore toujours le nom, plusieurs créatures végétales ont péri à ce jour, ou sont carrément sur le respirateur artificiel.
J'ai même voulu transférer des fleurs extérieures dans mon salon l'automne dernier, et en quelques jours, le plancher était recouvert de feuilles mortes. Un décor féérique digne d'un sentier pédestre en octobre.
Mais la beauté dans tout ça, ce n'est pas la destination, mais bien le chemin où l'on apprend à interagir avec ces créatures silencieuses, pour lentement apprendre à mieux s'apprivoiser entre espèces. Car les plantes, je les aime. Et je pense que ce sera un jour réciproque si j'y mets du mien.
Quand je vois des expériences comme ces gens qui ont observé la croissance des plantes selon ce qu'on leur disait, soit des propos méchants ou gentils, je me dis qu'it's all about love. Ne me demandez-moi pas pourquoi, car après tout, je ne connais rien aux plantes.
Je suis donc toujours une tueuse de plantes, mais j'arrose généreusement de lumière mon côté « plant lady » afin qu'il s'épanouisse et qu'il surpasse ma pochitude de jardinière.
Parce qu'on ne naît pas une maman de plantes, on le devient. D'ici là, heureusement qu'il existe des plantes quasi pas tuables, puisque cohabiter avec des plantes a de réelles vertus.
Parfois, la route est plus longue pour certains que pour d'autres, mais l'arrivée à bon port doit être particulièrement savoureuse quand on arrive enfin à voir le pouce vert au bout du tunnel.
Et vous, combien de meurtres de plantes avez-vous à votre actif, et croyez-vous en vos chances de réhabilitation?