S'il ne fallait nommer qu'un seul événement qui chamboule une vie, ce serait l'arrivée d'un nouvel enfant. Source de grandes joies et de bonheur, son arrivée vient aussi avec son lot de bouleversements. Entre la fatigue et l’intensité des émotions ressenties, il est normal de se sentir submergé par la réalité et, disons-le, épuisé dans les jours et semaines qui suivent l'accouchement. Il s'agit souvent du baby blues, qui s'estompe graduellement. Mais il arrive que cette situation perdure et s'aggrave. Il peut alors être question de dépression post-partum.
Voici ce que vous devez savoir pour mieux comprendre la dépression post-partum, ses causes, ses symptômes et comment la traiter.
Quelle est la différence entre le baby blues et la dépression post-partum?
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Si, au premier abord, les symptômes du baby blues et de la dépression post-partum peuvent sembler similaires, il existe une grande différence entre les deux.
Le baby blues, aussi appelé syndrome du troisième jour, est un phénomène hormonal d’intensité modérée et surtout, passager.
La dépression post-partum, quant à elle, peut apparaître jusqu'à un an après l'accouchement et présente des symptômes plus graves, qui s'apparentent à ceux d'une dépression ordinaire.
Le baby-blues en bref
Le baby blues apparaît dans les premiers jours suivant l’accouchement et touche entre 30% et 80% des femmes. Les symptômes ressentis chez la mère peuvent être de l'anxiété, des sautes d'humeur, de l'épuisement et/ou de l'irritabilité.
Le baby blues survient en raison des variations hormonales suite à l'accouchement ainsi qu'une hausse du stress et de la fatigue ressentis.
Ces symptômes s'estompent généralement au bout de quelques jours, avec le soutien des proches et du personnel soignant.
Par contre, lorsque les symptômes durent plusieurs semaines ou s'ils s’aggravent, il y a des chances que vous souffriez de dépression post-partum.
La dépression post-partum
Selon l'INSPQ, environ 1 femmes sur 5 pourraient vivre un épisode de dépression suite à leur accouchement.
Causes et facteurs déclencheurs de la dépression post-partum
Il n’y a pas de cause unique au déclenchement de la dépression post-partum. C’est plutôt un ensemble de facteurs biologiques, psychologiques et sociaux qui sont derrière son apparition :
- avoir déjà souffert de dépression ou d’anxiété, avant ou pendant la grossesse;
- le fait de vivre des événements stressants (ex : problèmes conjugaux, soucis financiers, déménagement, décès, etc.);
- l'isolement ainsi que le manque de soutien social et familial;
- la chute des hormones de grossesse;
- un accouchement ou une grossesse difficile;
- un bébé qui demande plus de soins;
- des difficultés à allaiter;
- se sentir dépassée ou submergée par les contraintes, les responsabilités et le stress.
Les symptômes de la dépression post-partum
Voici une liste non exhaustive des symptômes qui peuvent être ressentis lors d'une dépression post-partum. Plusieurs d'entre eux s'apparentent à ceux d'une dépression ordinaire :
- ressentir une tristesse profonde sans raison;
- pleurer souvent et sans raison;
- être épuisée et découragée en permanence;
- avoir des problèmes de sommeil (insomnie ou au contraire trop dormir);
- manquer d'énergie;
- ressentir de la culpabilité ou un manque d'estime de soi;
- avoir l'impression d'être une mauvaise mère;
- être irritable, avoir des sautes d'humeur;
- éprouver de l'anxiété, surtout par rapport à son bébé;
- se désintéresser de son bébé;
- éprouver un sentiment de détresse et l'impression que les choses n'iront jamais mieux;
- avoir tendance à se replier sur soi-même et à s'isoler de sa famille et de ses amis;
- penser à se faire du mal ou à en faire aux autres.
Comme certains de ces symptômes se rapprochent de ceux du baby-blues, la dépression post-partum est souvent diagnostiquée plus tard.
Les symptômes de la dépression post-partum peuvent être d’autant plus difficiles à vivre, puisque la société véhicule souvent des images où la maternité n'est constituée que de bonheur. Ceci peut entraîner une perte d’estime de soi et pousser les gens en dépression à s’isoler davantage.
Pourtant, il est important de réaliser que souffrir de dépression post-partum n’a rien à voir avec le fait d’être une bonne mère ou non.
Si vous ressentez ces symptômes à tous les jours pendant plusieurs semaines, s'ils sont incapacitants au point de vous empêcher de vous occuper de vous-même ou de votre enfant, allez chercher de l’aide sans délai.
Et le père dans tout ça?
Si les changements hormonaux touchent essentiellement les femmes après l'accouchement, il ne faut pas oublier que les pères sont eux aussi affectés par l’arrivée du nouveau bébé.
Insomnie, anxiété, épuisement et découragement peuvent également faire partie de la paternité. Les pères ne sont pas à l'abri de développer des symptômes de dépression et devraient aller chercher de l’aide et consulter sans délai un professionnel de la santé dans ce cas.
Les conséquences de la dépression post-partum
Comme dans le cas de toutes les dépressions, il est primordial de commencer les traitements le plus tôt possible. Ils sont ainsi plus efficaces et empêchent les symptômes de s'aggraver.
Ceci est d’autant plus important, car la dépression post-partum peut également affecter et nuire au développement du lien affectif entre la mère et son bébé.
Traitements pour guérir la dépression post-partum
Les traitements s'apparentent à ceux qui sont prescrits dans le cas de dépression ordinaire :
- suivi médical;
- psychothérapie;
- prise de médication (antidépresseurs).
Parallèlement à un suivi médical, voici quelques gestes que vous pouvez poser pour prendre soin de vous :
- N'hésitez pas à demander de l'aide à votre entourage et surtout, acceptez l'aide que l'on vous propose.
- Cela peut sembler difficile à faire mais dès que c'est possible, essayez de dormir pour vous reposer. Cela peut-être, par exemple, en même temps que lorsque votre bébé dort.
- Si recevoir de la visite vous fatigue, limitez les heures et le nombre de visites. C'est votre droit.
- Offrez-vous le luxe d'être tolérante envers vous-même. Aucune mère n'est parfaite et vous avez le droit à l'erreur autant que les autres.
- Entourez-vous de gens qui vous font sentir bien et avec qui vous êtes à l'aise.
- Essayez de bien vous alimenter et de ne pas sauter de repas, pour éviter de vous sentir mal ou faible.
- Évitez de vous isoler. Contactez vos amis, votre famille ou inscrivez-vous à des activités avec d'autres nouvelles mamans, qui vivent les mêmes choses que vous.
- Bloquez votre agenda et prenez du temps pour vous, pour relaxer. Il peut s'agit d'un rendez-vous chez l'esthéticienne ou le coiffeur, d'aller vous faire masser, d'aller bruncher avec une amie, de prendre un bain chaud, etc. Même s'il ne s'agit que d'une heure ou deux, cela vous fera un bien fou!
- Faites également des activités avec votre bébé, pour vous réserver des moments de loisir agréables avec lui.
- Et le plus important : n’oubliez pas que l'aide existe pour surmonter la dépression. Vous n’êtes pas la première à traverser cette épreuve et surtout, vous n’êtes pas seule.
Avec de l'aide et des traitements appropriés, la dépression post-partum se guérit!
Sources : Brunet, Naitre et grandir, INSPQ, Passeport Santé