Le 11 mai, de nombreuses écoles primaires ouvriront leurs portes au Québec, ceux de la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) attendront pour leur part au 25 mai. Certains enfants appréhendent ce retour, tout comme leurs parents, d’autres ont tout simplement hâte de retrouver leurs camarades de classe pour reprendre une vie normale. Peu importe la réalité et les choix de chacun, en se rappelant que la fréquentation de l'école est optionnelle, on devra expliquer à ses enfants en quoi consistera ce retour. On n’a pas de boule de cristal pour savoir de quelle façon s’effectuera réellement cette entrée scolaire en mai, mais une chose est certaine, l’école ne sera plus «comme avant». Il est donc essentiel de les préparer à ce retour, dans un univers scolaire qui ne ressemblera pas à celui qu’ils ont quitté il y a deux mois.
Un environnement épuré et aseptisé
Actuellement, le personnel scolaire travaille à vider et aseptiser l’école autant que possible. Tout le matériel qui appartient aux enfants se retrouve dans des sacs identifiés à leur nom : le contenu de leurs pupitres, ce qui était dans leur casier, dans leur bac et sur leur crochet.
Ensuite, les pupitres sont placés à deux mètres de distance. Les enseignants peuvent alors savoir combien d’élèves pourront réintégrer leur classe. Lorsque nécessaire, tout autre bureau ou bibliothèque est sorti de la classe pour laisser la place à un pupitre, soit à un élève.
Les enfants retrouveront donc une école dégarnie; ce qui ne veut pas dire sans vie, mais assurément différente.
Alors que de plus en plus de classes flexibles étaient apparues ces dernières années, celles-ci devront revenir à des pupitres en rangs d’oignons. Les élèves qui avaient eu le bonheur de commencer l’année scolaire avec une classe avec des divans, des bancs de toutes sortes, un coin-terrasse ne pourront retrouver un tel environnement. Les coussins confortables au coin-lecture disparaitront également.
L’élève se verra attribuer une place qu’il conservera en tout temps. Il gardera ses effets personnels et scolaires avec lui afin de minimiser les déplacements. De plus, aucun matériel ne voyagera entre la maison et l’école et aucun prêt ne sera fait.
Un maximum de 15 élèves par groupe : incertitudes par rapport au titulaire, au local et… à l’école
Chaque groupe sera composé d’un maximum de 15 élèves. Toutefois, en fonction des locaux, le nombre sera parfois moins élevé puisqu’il faut respecter les deux mètres de distance entre chaque enfant. Évidemment, le nombre d’élèves par classe était bien plus élevé au début du mois de mars.
Le ministre de l'Enseignement et de l'éducation supérieur (MEES) prévoyait, en date du 27 avril, que le taux de retour se situerait autour de 50 %. Si ce n’est pas le cas et que le pourcentage s’avère plus élevé, les professeurs devront faire des choix déchirants.
Certains élèves se retrouveront peut-être avec un nouvel enseignant, dans un nouveau local et même dans une nouvelle école.
Les équipes-écoles tenteront de minimiser les transferts des élèves du 1er et du 2e cycle. Se sont les plus vieux, soit les élèves de 5e et 6e année, qui pourraient être déplacés vers une école secondaire.
Néanmoins, avant de déplacer des élèves vers une autre école, les établissements scolaires tenteront de maximiser l’utilisation de leur espace. Les locaux de musique et d’anglais, la bibliothèque et même la cafétéria et le gymnase pourraient être aménagés pour accueillir des élèves.
Ensuite, il faudra trouver des enseignants pour tous ces nouveaux groupes, en plus de pallier l’absence de certains. En effet, il est recommandé aux enseignants qui ont un état de santé qui les rend plus vulnérables à la COVID-19, aux femmes enceintes et à celles qui allaitent de ne pas revenir en poste.
Les professeurs des différentes spécialités soit anglais, musique et éducation physique pourraient être attitrés à un nouveau groupe. Les directions se tourneront par la suite vers les banques de suppléants. Toutefois, il était difficile de trouver des remplaçants avant la pandémie, la situation ne s’améliorera pas lors du retour en classe. Les étudiants en enseignement pourraient alors être appelés en renfort, tout comme les enseignants du secondaire.
Il n’y a donc aucune certitude par rapport au groupe que réintègrera votre enfant, à son enseignant, ni à l’école qu’il fréquentera.
Pour tout lire sur la COVID-19, c'est ici.
Le moins de déplacements possible, mais un lavage des mains fréquent
Les déplacements seront minimisés pour éviter les contacts possibles. Comme mentionné plus tôt, les enfants auront une place attitrée en classe. Tous leurs effets personnels seront également avec eux. Le diner se déroulera dans le même local, sans la possibilité d’utiliser les fours à micro-ondes, et le nombre de récréations sera, dans la plupart des cas, restreint.
Les déplacements seront principalement liés aux mesures d’hygiène. Le lavage des mains sera fréquent, ce qui demandera une certaine logistique selon les écoles qui n’ont pas nécessairement de lavabo dans les classes.
Les mains seront lavées à l’entrée, avant et après la collation, avant et après la ou les récréations, avant et après le diner, avant le départ. Les allers et les retours vers les salles de bains constitueront une nouvelle forme de conditionnement physique!
Des récréations moins nombreuses et réinventées
Les récréations vont demeurer à l’ordre du jour, le nombre va cependant probablement diminuer et l’horaire sera différent. Les groupes sortiront à tour de rôle dans la cour d’école. Il ne sera pas nécessairement possible de croiser un ami qui n’est pas dans son propre groupe.
Les jeux seront restreints, puisque bien sûr aucun accès aux modules de jeux ne sera permis et que la distanciation physique devra être maintenue. De plus, il n’y aura aucune possibilité d’utiliser du matériel comme des ballons, des craies, des cerceaux…
Les jeux devront se faire sans matériel et en respectant la distanciation physique. La créativité sera de mise.
Les matières de base en priorité
En classe, l’accent sera mis sur les matières de base afin de consolider les notions déjà vues durant l’année. Encore une fois, les profs vont se réinventer, car l’utilisation du matériel sera restreinte. De plus, ils ne pourront circuler pour aider un élève qui en aurait besoin. Les cours magistraux seront à l’honneur, mais les jeux éducatifs pourraient avoir une certaine place.
Il n’y aura plus de cours de musique ou d’arts, ni d’éducation physique, mais ces enseignements prendront une autre forme. L’éducation physique pourrait avoir lieu lors de la récréation, et les arts pourraient s’enseigner durant de plus courts moments afin d’offrir une pause aux enseignants ou de leur permettre de faire un suivi avec les élèves à la maison. Différents scénarios sont possibles selon la réalité des différentes équipes-écoles.
Des évaluations sous une autre forme
Avec tous ces changements, faut-il préciser que les évaluations ne se feront pas comme à l’habitude? Déjà, en mars, le MEES avait annoncé que les épreuves ministérielles n’auraient pas lieu cette année.
Au-delà de ces épreuves, les évaluations ne pourront pas prendre la forme d’un test habituel. Évidemment, les profs, à travers des exercices tenteront de savoir où en sont rendus les apprentissages de chacun.
Selon les deux premiers bulletins de l’année en cours et la consolidation des apprentissages qui sera faite durant les prochaines semaines, les professeurs essayeront, au meilleur de leurs connaissances, d’établir si l’élève passera au prochain niveau.
Un transport scolaire disponible, mais...
Le MEES a confirmé que tous les enfants, qui y avaient accès auparavant, pourront utiliser le transport scolaire. Cependant, ceux qui peuvent se déplacer à bicyclette, ou avec leurs parents, sont encouragés à le faire. Effectivement, le transport scolaire constitue un autre casse-tête. Alors qu’auparavant plusieurs autobus étaient remplis au maximum de leur capacité, il n’y aura qu’une personne par banc et un banc devra être vide entre chaque enfant. Malgré tout, si vous avez besoin du transport scolaire, l’autobus sera là pour votre enfant.
Et les masques?
Il n’y a pas de directives officielles à cet effet. Les professeurs, qui le souhaiteront, pourront en porter et celui-ci sera fourni par l’école. Du côté des enfants, il semble plutôt ardu de leur demander de porter un masque sans toucher à leur visage. De plus, s’ils portent un masque, ils devraient le changer toutes les 3-4 heures. À vous de voir, comme parent, ce que vous souhaitez.
Un retour à l'école, dans un nouvel univers
Bref, l’école ouvre ses portes, mais votre enfant franchira un nouvel univers. Selon la situation et la préparation des enfants, l’expérience pourra être positive ou négative. Dans tous les cas, même si les câlins sont maintenant chose interdite, les équipes-écoles attendront, vos enfants, les bras grands ouverts. Consultez le site du gouvernement du Québec pour trouver des réponses à toutes vos questions.
Un tour du monde, en conclusion
En guise de conclusion, on vous offre un tour du monde! Plusieurs pays entrent dans la même phase que nous, soit celle du déconfinement progressif et graduel. Des écoles ouvrent leurs portes ou s’y préparent, d’autres n’ont tout simplement jamais fermées. Voici un aperçu de ce qui se passe dans l’univers scolaire :
En Suède les écoles primaires sont demeurées ouvertes.
En Corée du Sud, les élèves plus âgés ont recommencé l’école le 8 avril, d’autres le 16 avril, et les plus jeunes sont revenus sur les bancs d’école le 20 avril.
Au Danemark, un retour graduel s’est fait entre le 15 et le 20 avril. Du côté des élèves du secondaire, le retour se fera le 10 mai.
En Allemagne, les étudiants qui devaient passer des examens sont de retour en classe depuis le 20 avril. Le retour officiel se faisait toutefois le 4 mai. La distance à respecter entre chaque enfant est de 1,5 m.
En Chine et en Norvège, les enfants sont retournés à l’école le 27 avril. En Chine, certaines écoles ont demandé aux enfants de se confectionner un chapeau afin de s’assurer que la distanciation physique soit respectée. Ces images ont fait le tour du monde!
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Le 4 mai, les enfants au Pérou regagnaient les bancs d’école, mais avec un horaire à temps partiel.
Du côté de l’Autriche se sont les élèves qui terminaient leur secondaire qui retournaient à l’école en premier, soit le 4 mai. Tous les autres suivront le 15 mai.
En France, le retour se fera en même temps qu’une grande proportion d’écoles au Québec, soit le 11 mai. Comme ici, le nombre maximal d’élèves sera de 15. Différentes mesures sanitaires sont actuellement considérées comme le port du masque et le passage de tests sérologiques pour les élèves et le personnel.
Ailleurs au Canada, aucune date de retour à l’école n’a encore été annoncée, mis à part pour l’Île-du-Prince-Édouard qui ouvrira certaines écoles le 11 mai, uniquement pour les enfants qui ont des besoins spécifiques. Du côté des États-Unis, le Président Trump espère un retour à l’école sous peu, mais chaque état prendra ses propres décisions en temps et lieu.
Sources : L'Actualité, La Presse, Le Journal de Montréal, Le Figaro