La méditation gagne en popularité. Les adultes s’y mettent, les enfants aussi. Que ce soit par le biais d’une activité parascolaire ou encore durant la journée régulière de classe, la méditation semble tranquillement se tailler une place, pour le plus grand bien-être de tous.
La méditation, la pleine conscience ou la présence attentive?
Des enfants qui méditent… est-ce possible? La première image qui nous vient en tête lorsque l’on pense à la méditation est une personne assise en position du lotus, les yeux fermés, qui fait des OM. Eh oui, les enfants peuvent méditer ainsi, mais ils commencent rarement de cette façon! La pratique méditative vient d’une tradition du bouddhisme, mais elle s’est modulée pour s’adapter à différents contextes et individus. Certains enfants apprécieront de retrouver leur calme en position méditative, mais les exercices sont nombreux et variés afin qu’ils expérimentent plutôt la pleine conscience, aussi nommée la présence attentive.
Être ici et maintenant
La pleine conscience signifie d’être ici et maintenant. Ça semble simple comme ça… Mais, essayez! Les pensées ne doivent pas se diriger vers le passé ou le futur. Il faut réussir à reconnaitre ce qui se passe en soi, mais aussi autour de soi, tout en respirant pleinement. D’ailleurs, la respiration constitue l’outil le plus précieux!
Avec les enfants, les exercices de pleine conscience se modifient en fonction de leur âge. Chez les plus jeunes, ils pratiqueront la respiration profonde, parfois à l’aide d’un toutou afin qu’ils prennent conscience du mouvement de leur ventre alors qu’ils inspirent et expirent; chez les plus vieux, des exercices de cohérence cardiaque les aideront à s’arrêter, se calmer et se poser le temps d’un moment.
On peut aussi intégrer la présence attentive en demandant aux enfants de prendre conscience de leurs pieds qui touchent le sol lorsqu’ils marchent ou encore de l’éveil de leurs sens devant un aliment qu’ils aiment.
Bref, la pleine conscience correspond à un moment d’arrêt, pour respirer et pour observer.
Pourquoi intégrer une pratique de méditation dans la vie des enfants?
Les enfants ont tant à faire et à apprendre! Pourquoi leur demander, en plus, d’intégrer des exercices de méditation? Eh bien, justement car ils n’ont rien à apprendre pour une fois! Les exercices se font sous forme de jeux, sans aucune attente du résultat. Mais graduellement, à leur rythme, ils développent des outils pour toute leur vie.
Pour diminuer le stress et l’anxiété
Alors que le niveau de stress et d’anxiété ne cesse d’augmenter autant chez les adolescents que chez les enfants, la pleine conscience est un outil précieux pour plusieurs.
Les études sont embryonnaires, mais ceux qui pratiquent et qui enseignent la pleine conscience voient des résultats concrets. En leur offrant des outils pour se calmer et pour identifier ce qui se passe réellement en eux, les jeunes développent des mécanismes pour diminuer leur stress et apaiser leur anxiété.
Pour développer un état de bien-être
La bienveillance, la compassion et la gratitude, des concepts clés de la pleine conscience, jouent également un rôle prédominant pour faire diminuer le stress et l’anxiété. Lorsque les exercices permettent de développer les qualités et les sentiments qui y sont liés, ils contribuent aussi à un état de bien-être et à un climat sain d’apprentissage. En contexte scolaire, le respect d’autrui, et la compassion font une réelle différence. Alors que notre société prône l’individualisme, la pleine conscience permet de renverser cette tendance.
Pour améliorer le niveau d’attention et de concentration
On demande aux enfants d’être concentrés, mais ils ne savent pas toujours comment faire. Certains comprennent de manière instinctive, d’autres ont davantage de difficulté. À travers la méditation pleine conscience, des exercices simples les amènent à focaliser sur leur respiration, sur l’air qui entre par leur nez et qui sort par leur bouche, sur ce qui se passe dans leur tête et dans leur corps, etc. Puisque le résultat est sans attente, c’est plutôt le processus qui importe, les enfants, petit à petit, développent leur faculté à porter leur attention sur un élément précis, ou à se concentrer sur plusieurs éléments différents dans un contexte particulier.
Voilà, entre autres, pourquoi des enfants qui ont tendance à bouger sans arrêt réussissent à rester assis les yeux fermés durant quelques minutes. Ils ont appris à le faire, quelques secondes à la fois. La durée n’a pas d’importance, mais à force de répéter le même exercice, l’enfant s’y habitue. Il en va de même avec la concentration qui se développe, qui s’entretient.
Pour diminuer la prise de médicaments
Un chercheur du CHU Ste-Justine, Docteur Nicholas Chadi, remarque également que la pratique régulière de la méditation a un impact sur la médication. Ceux qui ont des douleurs chroniques peuvent voir leur besoin en médicaments diminuer. Il en va de même avec les troubles cognitifs, comme le trouble anxieux, où il est possible de diminuer la quantité de médicaments nécessaires et même, dans certains cas, d’en cesser l’utilisation.
Bien sûr, la méditation s’insère dans un continuum de soin. Chaque situation est unique et se doit d’être évaluée par un spécialiste. L’un des grands avantages de la méditation, qui se doit d’être considéré, est qu’il ne produit aucun effet secondaire, contrairement aux médicaments.
Pour conserver sa propension naturelle à l’imagination
On entend régulièrement parler de l’augmentation fulgurante des diagnostics du Trouble du déficit d’attention. À cet effet, l’auteure et enseignante de la pleine conscience, Susan Kaiser Greenland, s’inquiète du fait que l’on parle énormément du Trouble du déficit d’attention, mais que l’on ne se questionne pas sur les répercussions d’un trouble du déficit de l’imagination. De plus en plus d’enfants arrivent à l’âge adulte en ayant perdu totalement leur faculté à imaginer. Avec la pratique de la pleine conscience, on redonne une place à l’imaginaire, on permet aux enfants de conserver leur connexion naturelle avec leur environnement.
La méditation à l’école
Être pleinement conscient… tout ça semble simple et pourtant, de plus en plus d’enfants ne réussissent plus à faire ces moments d’arrêts. Ils ont un horaire chargé et toujours un écran à portée de la main lorsque survient un moment de libre. Ce qui devrait se faire naturellement ne se fait plus.
Plusieurs écoles tentent d’intégrer des pratiques liées à la méditation, car les enseignants en constatent les bienfaits. Toutefois, cela ne fait pas partie du programme standard. Ces pratiques sont utilisées de manière aléatoire en fonction des intérêts et des connaissances de chacun.
Néanmoins, on remarque que l’engouement est réel. À cet effet, l’UQAM offre dorénavant un programme court de 2e cycle sur la Présence attentive. Ces cours viennent en aide, entre autres aux professeurs, pour qu’ils puissent intégrer la méditation dans leur journée scolaire.
Un manuel existe également, soit Mission Méditation, pour les assister dans la pratique de la pleine conscience.
Et à la maison…
Comme parents, on peut également intégrer quelques petites pauses à sa journée pour simplement respirer pleinement et profondément avec ses enfants, les questionner sur le goût de leur repas ou encore leur demander d’être pleinement conscient, par exemple, pendant qu’ils se brossent les dents. Ça semble banal, mais ces petits moments provoquent une pause dans le quotidien. On peut aussi intégrer quelques exercices de yoga qui mènent à une méditation en mouvement, ou encore assis ou étendu au sol. De nombreux outils sont également offerts en ligne, entre autres, Respire avec moi conçu ici, au Québec.
La méditation : une solution miracle?
Malheureusement, la méditation n’est pas la solution miracle à tous les maux. Toutefois, elle s’avère un outil précieux. Ceux qui pratiquent la pleine conscience avec les jeunes enfants mentionnent que le miracle est en fait qu’ils réussissent à comprendre, le temps d’un instant, ce qu’il se passe en eux. Si la méditation permet de prendre un moment d’arrêt, seul, avec les camarades de classe et en famille, dans notre société qui vit de plus en plus à un rythme effréné, c’est déjà un pas énorme dans la bonne direction pour réussir à se connecter à soi-même et aux autres. Et cette connexion réelle fait une différence.
Pour aller plus loin : En route vers la sérénité, Initiation à la méditation avec Moksha L’éléphante, Calme et attentif comme une grenouille, Respire avec moi.
Sources : La Presse, Radio-Canada, Le Soleil