Chad Badger ne pensait pas être encore en vie à 40 ans. De malaise en malaise, le mal de vivre s’est installé. Il s’est retrouvé à vivre dans la rue à consommer toutes sortes de drogues. D’une overdose à l’autre, il a cru que sa vie était terminée. Heureusement, un jour, il a découvert les ateliers du Cirque du monde. C’est ce qui l’a sauvé. Il est par la suite devenu clown humanitaire. Le changement de vie n’a pas été facile, mais aujourd’hui, il est heureux et s’efforce de faire le bien en voyageant à travers le monde. Lorsque l’impossible devient possible, voici le récit!
Un parcours scolaire difficile
Son parcours scolaire ressemble à celui de bien d’autres qui n’ont pas réussi à rentrer dans le cadre que la société impose.
Enfant, à l’école, Chad se sent différent. Est-ce, car il est anglophone? Il ne pourra jamais vraiment le savoir, mais rapidement, on lui accole une étiquette. Il a toujours envie de bouger et ne répond pas aux exigences de l’école. Un trouble d’apprentissage lui est diagnostiqué, mais ses professeurs préfèrent croire qu’il est simplement lâche et paresseux. Les autres enfants sont souvent méchants avec lui, tout comme les adultes, au fil des ans. Tout au long de son parcours scolaire, son estime personnelle s’effrite jusqu’à devenir inexistante.
À l'école secondaire, la situation empire. Les enseignants, ne sachant que faire de cet élève, le laissent dans un local barré toute la journée. Il abandonne donc ses études pour aller travailler sur des terres dans sa campagne natale. L’argent qu’il fait lui permet de se procurer de la drogue, probablement pour endormir le mal qu’il ressent.
La vie dans la rue, d’overdose en overdose
Il tente tout de même un bref retour à l’école des adultes, mais en vain. Il préfère suivre des amis qui partent vivre dans la rue à Montréal. Il trouve enfin des gens qui lui ressemblent. Il s’y sent bien durant les premiers mois. Toutefois, son mal de vivre refait surface, qu’il tente d’apaiser avec du crack et de l’héroïne. La véritable descente en enfer survient. Les overdoses ne lui font pas peur, ça lui est égal de mourir ou non. Cependant, lorsqu’il frôle la mort de très près, il prend conscience qu’il souhaite autre chose dans la vie.
Développer une passion pour reprendre goût à la vie
C’est à ce moment qu’il entend parler des ateliers de jonglerie et d’art clownesque offerts par le Cirque du Soleil dans le cadre de Cirque du monde.
Lorsqu’il participe à ses ateliers et qu’il se transforme en clown, il prend conscience que pour la première fois de sa vie, il peut être lui-même. Sa véritable personnalité émerge et une passion nait.
Son nez de clown n’efface bien sûr pas tous ses problèmes par magie. Même s’il réussit à demeurer à jeun pour tous ses cours, sa consommation de drogue demeure difficile à contrôler.
C’est le centre de jour Point de Rue qui lui vient en aide. À cet endroit, il s’investit et trouve des parcelles de bonheur.
Clown humanitaire pour le bonheur de soi et des autres
En 2007, on lui parle d’un projet à Madagascar comme clown humanitaire. Il n’ose pas vraiment y croire, mais la motivation s’avère suffisamment grande pour qu’il effectue un sevrage de méthadone. Finalement, son départ est confirmé! Il part donner des cours de jonglerie et de clown aux enfants malgaches. Cette aventure lui fait le plus grand bien, loin des jugements qu’il ressent dans notre société. Là-bas, il découvre le bonheur d’être égal à égal avec d’autres humains. Les masques tombent, même s’il joue le rôle d’un clown! Il peut simplement être lui! Il adore travailler avec les enfants et leur insuffler un peu de bonheur.
À son retour au Québec, la confiance s’installe en lui et il trouve un emploi. La vie n’est pas facile pour autant, alors qu’il recommence à consommer. Un autre projet se profile, pour le faire sortir de son enfer. Il repart au Pérou, encore une fois, comme clown humanitaire.
Malheureusement, les retours qui suivent ces belles expériences se vivent difficilement. Il travaille ici et là, mais la route demeure sinueuse et la pression de la société le fait craquer. Après d’autres rechutes, les gens de Point de rue le contactent pour lui proposer un projet : un travail au Centre de jour pour aider les gens qui comme lui ont des problèmes de consommation et de santé mentale. La lumière surgit du fond du tunnel.
Aujourd’hui, Chad Badger est heureux. Il travaille toujours pour Point de rue. L’organisme a aussi des partenaires en Haïti. Chad y va régulièrement en tant que clown humanitaire. Son chemin a en effet été parsemé d’embuches, et il est bien conscient qu’il y en aura encore d’autres, mais il a enfin trouvé sa voie, son bonheur.
Rencontrez l'homme derrière ce récit à Point tournant.
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