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Témoignages

Les troubles alimentaires : témoignages et ressources

Elles sont est un balado original de Noovo Moi qui donne la parole à des personnes ayant pour point commun d'avoir des parcours atypiques et parfois souffrants. Cet article se veut un complément de l'épisode 2 et concerne les troubles alimentaires.

Merci infiniment à l'animatrice Mélissa Bédard et à ses deux invitées, Corinne Sévigny-Roy et Caroline Quirion.

Les troubles alimentaires

Il existe différents troubles alimentaires, mais voici les 3 principaux.

L’anorexie

Il s’agit d’une préoccupation exacerbée du poids, accompagnée d’une vision souvent déformée de l'apparence et d’une restriction alimentaire extrême.

Les mécanismes qui sous-tendent l’anorexie sont très axés sur le contrôle et sur la satisfaction (voire parfois l’euphorie) que ressentent les personnes qui « réussissent » ainsi à contrôler leur faim, leur apparence et leur poids.

La boulimie

Il s’agit d’une ingestion incontrôlée de nourriture, accompagnée de stratégies pour « purger » ces excès (se faire vomir, prendre des laxatifs, faire énormément d’exercice, ne pas manger pendant un certain temps).

Contrairement à l’anorexie, les mécanismes de la boulimie sont plutôt axés sur des cycles alternant des phases de « frénésie alimentaire » avec perte de contrôle, suivies par des phases de honte et d’extrême malaise qui mènent à la purgation. La purgation représente ainsi une tentative de reprise de contrôle.

L’hyperphagie

Il s’agit également d’une ingestion de nourriture incontrôlée, mais sans cycle de purgation. La personne vit pourtant la même honte et le même sentiment d’échec que celles aux prises avec la boulimie. Ce trouble alimentaire est caractérisé par un gain de poids, souvent important.

Les troubles alimentaires, contrairement aux idées reçues, ne touchent pas uniquement les filles et les femmes (même si notre balado s’attarde à l’expérience des femmes). Les garçons et les hommes sont également à risque; 25 % des personnes diagnostiquées avec un trouble alimentaire sont en effet de sexe masculin. Le nombre de garçons et d’hommes diagnostiqués avec ces troubles est d’ailleurs en forte augmentation depuis les dernières années. Il y a sans doute plusieurs raisons à ce problème, mais une des causes est certainement le fait que depuis quelques décennies, les garçons sont devenus eux aussi plus vulnérables aux impacts des attentes culturelles sur le poids et l’apparence.

Un problème de santé mentale

La première chose qu’il faut comprendre sur les troubles alimentaires, c’est qu’il ne s’agit pas d’une maladie physique. C’est pourquoi le nom médical de ces troubles sont anorexie nerveuse et boulimie nerveuse. Il s’agit donc réellement d’un problème de santé mentale, qui a pourtant des répercussions, parfois graves, au niveau physique.

Certaines personnes qui ne connaissent pas cette condition ont tendance à minimiser ces effets; il peut évidemment être facile de croire « qu’elles ont juste à manger » ou encore « qu’ils ont juste à arrêter de manger autant » et que tout va se régler. Il n’en n’est rien. Comme c’est un problème profondément ancré dans le fonctionnement du cerveau, il n’y a pas d’espoir de s’en sortir sans effectuer un travail de fond sur la psyché.

Derrière l’anorexie, la boulimie ainsi que les autres troubles alimentaires, il y a d’abord une grande souffrance humaine, ainsi qu’une grande vulnérabilité qui tire sa source ailleurs que dans l'alimentation.

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Une question de contrôle

Non seulement les troubles alimentaires ont la majorité du temps une source dans d’autres problématiques de santé mentale, mais elles sont souvent présentes dès l’enfance ou au début de l’adolescence. On parle par exemple d’anxiété ou de trouble anxieux, de trouble obsessif-compulsif, ou encore parfois de traumatismes vécu par les personnes qui souffrent de troubles alimentaires.

C’est le cas par exemple de Caroline, notre invitée, qui se décrit comme étant « très perfectionniste » (démontrant une importante recherche de contrôle) depuis qu’elle est toute petite, et qui a en plus vécu un drame familial. 

Corinne elle, était aux prises avec des gros maux de ventre et de l’émétophobie (peur de vomir) lorsqu’elle était enfant ; les deux symptômes sont liés à l’anxiété. Cette peur était si paralysante qu’elle s’empêchait de manger pour ne pas que ça arrive, pour garder le contrôle en quelque sorte.

Une réalité envahissante

Le quotidien est extrêmement lourd pour les personnes avec un trouble alimentaire, puisque ce problème devient complètement envahissant. « C’est quasiment minute par minute », a confié Caroline à Mélissa avec beaucoup d’émotion. « Il n’y a rien d’autre dans ton monde, tellement tu es centré sur toi-même ».

Durant l’entrevue, Corinne renchérit en expliquant que « toutes tes décisions sont basées là-dessus ». Non seulement l’alimentation, mais la manière de t’habiller, de te regarder dans le miroir, d’agir avec les autres, d’éviter sans cesse certaines situations…

La toxicité extrême du discours ambiant

Personne ne sait pourquoi une personne développe un trouble alimentaire, alors qu'une autre non. Il y a probablement plusieurs facteurs qui se mettent en place : fonctionnement du cerveau, historique familial (Caroline avait une mère qui faisait des « cures de désintoxication alimentaires »), prédispositions de caractère et événements marquants.

Mais autant nos deux invitées que toutes les sources consultées parlent du même facteur majeur : celui du discours ambiant dans notre société. D’abord celui véhiculé par les médias, les réseaux sociaux et les images publiques : culte de la minceur, valeur ultime accordée aux facteurs esthétiques, standards impossibles à atteindre…

Mais également celui, tout aussi insidieux, des gens autour de nous, de leurs commentaires et de leurs agissements. Dès notre plus tendre enfance, nous absorbons ainsi indirectement cette toxicité: remarques négatives ou moqueuses sur la prise de poids de quelqu'un, félicitations et flatteries lorsque quelqu'un perd du poids, privations alimentaires des modèles autour de nous, insistance sur l'idée que la santé n'est possible qu'avec un seul de type de corps qu'en réalité très peu de gens peuvent atteindre, etc.

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L’importance de la bienveillance envers soi-même

La conclusion fort juste de notre animatrice, Mélissa, au terme de cet épisode si chargé émotivement : « On ne guérit pas d’un trouble alimentaire, on apprend à vivre avec… Et c’est le cheminement d’une vie ».

Pour Corinne autant que pour Caroline, nos deux invitées, c’est effectivement un « combat » qui n’est jamais complètement gagné, et ce même si elles vont bien aujourd’hui et qu’elles sont capables d’en parler. Les deux mentionnent entre autres la « petite voix négative » qui est toujours présente dans leur tête et qui leur donne rarement du répit. Corinne, entre autres, mentionne que d’un côté elle comprend rationnellement qu’elle est belle, bien, en santé et que son poids est tout à fait adéquat mais de l’autre côté, elle a constamment l’impression qu’elle pourrait « en faire plus ».

Une des clés pour aller mieux, c’est donc bien sûr la bienveillance envers soi-même, la valorisation, la capacité de mettre, coûte que coûte, l’accent sur le positif. Les troubles alimentaires sont beaucoup plus en lien avec l’estime de soi qu’avec la nourriture en tant que telle ; la porte de sortie se situe donc en cultivant son estime et son amour de soi.

Demander de l’aide!

Les troubles alimentaires sont l’un des problèmes les plus sérieux dans le spectre de la santé mentale. Il est donc important de ne pas les minimiser – sans toutefois paniquer. Il est possible de s’en sortir et il y a de l’aide!

Il ne faut jamais hésiter à en parler ou à aller chercher des ressources, que ce soit pour les personnes affectées ou pour leurs proches. Plus on agit rapidement et moins la récupération sera difficile. Pour les professionnels de la santé, en parler est la première étape vers la « guérison ».

   

Une note sur Elles sont

Elles sont est un projet qui nous a énormément tenu à cœur comme équipe éditoriale, parce que nous considérons que ce sont des réalités difficiles, mais qu'il demeure nécessaire d'en parler.

Depuis le début du projet, et avant même sa réalisation, nous l’avons porté avec amour et espoir. Mais même en sachant à quoi nous attendre, nous avons été renversées par la puissance des épisodes. Ceci est dû d’une part à l’animation si fine, sensible, empathique et intelligente de Mélissa Bédard. Nous n’aurions pas pu choisir une meilleure personne pour piloter ce projet particulier! Mais c’est également dû aux personnes invitées si pertinentes, éloquentes et attachantes, qu’on aurait toutes envie de prendre dans nos bras. Loin d’être des victimes, elles présentent chacune à leur façon un modèle de courage et de résilience.

Elles sont est une série magistrale, que tout le monde devrait écouter sans faute et dont nous sommes extrêmement fières.

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